La confirmation est tombée : Bruno Trévidic l’a indiqué cette semaine dans sa tribune aux Echos. En substance, Air France devrait procéder prochainement au retrait de 5 de ses 10 Airbus A380. Pourtant, l’information n’est pas nouvelle. En effet, ce projet était déjà dans les cartons de Jean-Marc Janaillac l’an passé avant qu’il ne quitte Air France – KLM – sans qu’il ne soit pour autant acté officiellement. Jusqu’à présent, nous ne disposions pas d’informations complémentaires sur les modalités du retrait progressif d’une partie de la flotte. Par ailleurs, seules très peu d’indications ont filtré concernant le retrofit des appareils restants en flotte : que compte faire Air France de ses derniers super jumbo ? Quel sera l’avenir des pilotes de l’Airbus A380 ?
Le retrait progressif de 50% de la flotte d’A380 : le calendrier.
Benjamin Smith, le nouveau Président-directeur général d’Air France – KLM a finalement prit sa décision plus rapidement que son prédécesseur (seulement quelques semaine après son arrivée aux commandes du Groupe !) : Air France ne conservera pas sa flotte d’Airbus A380 en l’état. Ainsi, la compagnie aérienne tricolore ne devrait compter plus que de 5 appareils à l’horizon 2022.
Actuellement, Air France possède 5 avions en pleine propriété contre 5 en leasing. Ce sont ces derniers qui seront, à terme, tout simplement rendus aux loueurs. Ainsi, 5 appareils font l’objet de contrats de location auprès de loueurs dont les échéances sont situées entre 2020 et 2022.
Nous le savons de sources en interne, pour l’heure, la décision est claire pour la Direction de la compagnie aérienne nationale. Les deux premiers appareils quitteront la flotte sous 2 ans, à l’horizon 2020, tandis que les trois suivants, seront sortis sous 4 ans, à l’horizon 2022.
Sauf qu’Air France compte sur un marché de l’occasion qui n’en est pour l’heure qu’à ses débuts afin d’obtenir de la part des loueurs un important rabais sur le coût élevé de la location unitaire de l’appareil. Du côté du leasing, consentir à une telle baisse leur permettrait de ne pas récupérer si rapidement ces avions qu’il faudra quoi qu’il arrive relouer ensuite. Du côté d’Air France, ce serait également une aubaine : elle pourra continuer d’exploiter ce type appareil en obtenant un rabais non négligeable sur sa facture de location.
La négociation porterait ainsi sur 2 (voir 3 …) appareils ; ce qui porterait le nombre d’Airbus A380 en flotte à 7 (ou 8 …) avions au maximum.
Le retrofit en question.
Nous savons d’ores et déjà qu’Airbus est fréquemment sollicité par Air France sur l’épineuse question du retrofit du super jumbo. En effet, s’il est à regretter que la compagnie tricolore n’a jamais vraiment souhaité faire de cet appareil un avion flagship, pourtant plébiscité par les utilisateurs à travers le monde, elle traîne également des pieds pour les réaménager.
En toute logique, seuls les 5 Airbus A380 en pleine propriété seront rétrofités.
Nous avons également appris que le retrofit ne débuterait qu’en octobre 2020, soit dans deux longues années !
Contrairement à ce qui a pu être indiqué par les différents acteurs concernés, pour l’heure, rien n’est encore décidé. L’étude sur les aménagements ne seront officiellement lancés que l’année prochaine, en 2019. Bien entendu, aucun appel d’offres n’a été lancé par Air France auprès des différents équipementiers tels que Zodiac Aerospace (dont le siège Cirrus est déjà à bord des Boeing 777 de la flotte en Business) ou encore Rockwell Collins (anciennement B/E Aerospace, dont la Première classe équipe également les Boeing 777 de la flotte).
À noter que – par exemple – le siège Air France La Première qui équipe (en deux versions) la flotte de super jumbo a un design vieux de presque 15 ans puisque lancé en mai 2004 (on retrouvait en effet ce siège de Première classe sur les Boeing 777 avant le retrofit et l’apparition des superbes suites privatives). Sur des destinations comme Los Angeles où l’Airbus A380 fait fréquemment le plein dans cette classe de voyage, le maintien de ce siège encore plusieurs années est tout simplement inadmissible).
Air France achèvera donc l’année 2018 avec la seule certitude que les 5 Airbus A380 en location ne seront jamais rétrofités (ce qui pourrait poser un problème si les contrats de location étaient finalement amenés à se poursuivre).
L’avenir des navigants techniques.
Finir sa carrière comme pilote sur l’Airbus A380 est en quelque sorte le graal pour les navigants techniques d’Air France. Les pilotes obtiennent généralement ce sésame (et la revalorisation associée de leur salaire) après une carrière bien remplie au sein de la compagnie.
La réduction de la flotte conduira inévitablement la compagnie aérienne à la fois revoir les fins de carrière de nombreux pilotes, mais également offrir aux pilotes d’A380 une porte de sortie convenable.
Air France a, en conséquence, ouvert un chantier pour l’achat éventuel de Boeing 777X.
Du côté de l’avionneur américain, l’appareil avance. En effet, l’assemblage du premier appareil de test a récemment été achevé. Chez Boeing, on s’en tient au calendrier : la première livraison du 777X devrait intervenir courant 2020. C’est Emirates qui sera compagnie de lancement de ce nouvel avion de dernière génération avec plus de 100 appareils en commande.
Assemblage du 1er #Boeing #777X d’essais en vol! De grands progrès alors que nous nous préparons pour le 1er décollage en 2019. En savoir plus sur le 777X https://t.co/f3VhtzzU7O #Avgeek pic.twitter.com/pZ4z8DREuF
— Boeing France (@BoeingFrance) 20 novembre 2018
Conclusion.
Oui, Air France devrait se séparer de ses 5 appareils en location. Mais la compagnie aérienne ne s’interdit pas de revoir ses plans à la dernière minute si les loueurs acceptent de revoir le prix de location des super jumbo.
Le retrofit avance. Mais il avance doucement. En considérant que la compagnie aérienne française ne prenne pas de retard sur ce chantier (puisqu’aucun appel d’offres n’a été initié), le premier avion réaménagé ne devrait voler qu’en 2021, dans plus de deux ans.
Et si Air France prolonge ses contrats de location à un meilleur tarif, deux versions de l’appareil coexisteront : une version dans le meilleur des cas surannée et une version dont le confort à bord devrait être comparable à celui des Boeing 777.
Un dossier épineux pour le groupe franco-néerlandais alors que faire de cet appareil exceptionnel un vaisseau amiral dès le départ aurait sans doute été salvateur … 😉
Tyler.