Bien entendu, Alex Cruz n’était pas apprécié de tous. Nous pourrions même dire, sans dénaturer la vérité, que nombreux étaient ses détracteurs. Nous même, chez The Travelers Club, nous ne le portions pas vraiment dans notre coeur. Il faut dire que pour le voyageur fréquent, plus qu’un Président-directeur général de compagnie aérienne, il était avant tout l’artisan du déclin de British Airways en matière d’expérience passager au profit du profit, justement. Et le profit, IAG en fait (si l’on fait l’impasse sur la crise économique que le secteur de l’aérien traverse en raison de la pandémie de coronavirus). Si Alex Cruz avait pour mandat d’ôter à British Airways tout ce qui faisait d’elle une grande compagnie autrefois, le contrat était incontestablement rempli.
Les première semaines de ladite crise sanitaire, l’homme était d’ailleurs resté silencieux. L’énigmatique Président-directeur général de British Airways répondait aux abonnés absents tandis que les responsables des plus grandes compagnies aériennes s’étaient exprimés auprès de leurs clients (aussi bien Anne Rigail pour Air France que Goh Choon Phong chez Singapore Airlines ou encore Christina Foerster pour Lufthansa, …), évoquant notamment les difficultés actuelles et à venir du secteur du transport aérien. Alex Cruz, lui, n’avait pas pipé mot.
Coup de tonnerre ce matin : Alex Cruz a annoncé son départ de British Airways laissant au patron d’Aer Lingus les rênes de la compagnie anglaise.
Alex Cruz est (presque) parti.
C’est officiel : le Président-directeur général de British Airways quitte immédiatement ses fonctions au sein de la compagnie aérienne et est remplacé par Sean Doyle, le Président-directeur général d’Aer Lingus. Alex Cruz restera cependant au poste de Président non-exécutif pendant une période de transition dont la durée n’a, pour l’heure, pas été communiquée.
Au sein du groupe IAG, c’est finalement le jeu des chaises musicales qui se met, une fois encore, en place. En effet, outre le remplacement du Président-directeur général de British Airways par celui d’Aer Lingus, on a récemment assisté au départ en retraite de Willie Walsh, ancien Président-directeur général du groupe remplacé par Luis Gallego, le Président-directeur général d’Iberia (à la déception d’Alex Cruz d’ailleurs).
Par ailleurs, le Directeur des Services Généraux d’Aer Lingus, Donal Moriatrty, remplace (par intérim) Sean Doyle à la tête d’Aer Lingus tandis le Président-directeur général de LEVEL, Fernando Candela, est quant à lui nommé à la tête de la transformation du groupe.
Après être passé d’American Airlines à Vueling (à la suite de sa fusion avec Clickair dont il avait été le PDG également), Alex Cruz était devenu le Président-directeur général de British Airways en 2016. Entre Clickair et Vueling, deux compagnies à bas prix, le parcours de ce dernier en disait long sur sa feuille de route.
Alex Cruz avait assurément pour mission de faire gagner de l’argent à la compagnie aérienne d’outre-Manche. Les décisions, prises dans cette dynamique, avaient affecté l’offre globale de British Airways contrariant toujours plus de voyageurs fréquents déçus du tournant pris par cette dernière. On se souvient notamment de la suppression du service en classe Economy sur le réseau européen de la compagnie.
Notons toutefois que la compagnie aérienne s’était attachée, ces derniers mois, à redorer son blason avec la montée en gamme de son service en Business, son nouveau siège dans cette cabine de voyage, l’arrivée d’avions de dernière génération ou même les améliorations apportés à l’offre de Première classe.
Si l’ensemble des mesures ont été prises sous l’impulsion d’Alex Cruz, ce dernier respectait scrupuleusement la feuille de route qui lui était dictée par le groupe IAG et Willie Walsh afin de faire de British Airways une entreprise ultra-compétitive.
À Sean Doyle de poursuivre désormais.
Conclusion.
Démission forcée ou départ volontaire ? La réponse à cette question restera en suspens.
On sait qu’Alex Cruz s’attendait à être nommé à la tête du groupe IAG au départ en retraite de Willie Walsh. Cette déception pourrait justifier à elle seule une vexation conduisant à son départ volontaire de British Airways. Mais le fait que Luis Gallego lui ait été préféré pour succéder Walsh pourrait également signifier une divergence d’opinions au sein de la Direction du groupe.
Nul doute qu’il saura rebondir après ces décennies passées à oeuvrer pour le secteur de l’aérien, aujourd’hui en grande souffrance.
Tyler.