Il y a quelques mois, nous vous dressions un premier état de la situation diplomatique entre le Qatar et la coalition de pays alliés à l’origine du blocage illégal. En effet, en juin 2017, l’Arabie Saoudite, le Yémen, les Émirats Arabes Unis, le Bahreïn, et l’Égypte ont stoppé les relations diplomatiques qu’ils entretenaient avec le Qatar. Cette rupture, basée sur de fallacieux prétextes, a notamment eu comme conséquence, pour Qatar Airways, l’interdiction d’emprunter les couloirs aériens survolant les territoires concernés. En marge du sommet aéropolitique organisé pour la première fois par CAPA au Moyen-Orient cette semaine, Son Excellence, Akbar Al Baker, Président-directeur général du Groupe Qatar Airways et Secrétaire Général du Conseil National du Tourisme du Qatar s’est de nouveau exprimé afin de dresser un état à jour de la situation de son pays et démontrer la résilience de sa compagnie aérienne depuis le début de l’initiative illégale de la coalition.
Le réseau.
Qatar Airways a été obligée de procéder à la fermeture de 18 routes très rentables dès les premières heures du blocage, notamment celles vers l’Egypte et l’Arabie Saoudite. Outre la fermeture de ces routes, la compagnie nationale a été contrainte d’organiser des vols afin de rapatrier les ressortissants du Qatar, confrontés à une obligation de quitter les cinq territoires concernés sous 14 jours. Pour mémoire, la réciprocité n’a pas été exigée par le Qatar et, encore aujourd’hui, des ressortissants égyptiens ou saoudiens vivent à Doha.
Mais le Qatar a résisté, avec tout le soutien de Qatar Airways, la compagnie nationale.
Malgré ces fermetures forcées, Qatar Airways n’a eu de cesse d’étendre son réseau. Ainsi, depuis le début du blocage, la compagnie nationale a ouvert pas moins de 24 nouvelles routes, soit plus d’une par mois. Aujourd’hui, la compagnie aérienne dessert plus de 160 destinations à travers le monde depuis son hub de Doha.
Ont par exemple été ouvertes :
- Dublin
- Nice
- Skopje
- Sohar
- Kiev
- Prague
- Sarajevo
- Adana
- Chiang Mai
- Saint Petersbourg
- Pattaya
- Canberra
- Penang
- Thessalonique
- Cardiff
- Mombasa
- Gothenburg
- …
https://youtu.be/8SU59V9ubLI
Il y a quelques jours, la compagnie nationale a annoncé avoir terminé les négociations avec l’Union Européenne visant à la signature d’un accord de référence portant sur les conditions du transport aérien. À terme, une fois signé, les pays membres de l’Union Européenne mais également le Qatar pourront bénéficier d’une libéralisation des liaisons entre les États signataires. Ainsi, si cet accord est signé et respecté, les compagnies aériennes des États signataires disposeront de droits de trafic potentiellement illimités. Possiblement, si tous les États membres de l’Union Européenne signent cet accord, les 28 nations et le Qatar pourront disposer d’un accès illimité et sans restriction à leurs territoires respectifs.
« Par ces négociations, les deux côtés ont montré que l’engagement positif permet de construire la confiance entre des nations, et permet de profiter des avantages de la libre concurrence. Notre espoir est que le succès de ces négociations encouragera d’autres blocs commerciaux et des marchés d’aviation significatifs à joindre la réalisation d’un régime d’aviation global libéralisé pour des générations futures. » – Akbar Al Baker, Président-directeur général du Groupe Qatar Airways.
D’ici à 6 mois, date estimée des premières signatures, Qatar Airways devrait être en mesure d’ouvrir de nouvelles destinations en Europe (à l’instar de Lyon en France par exemple) ou d’augmenter ses fréquences déjà existantes (actuellement limitées à 1 rotation quotidienne sur Nice et 3 rotations quotidiennes sur Paris en prenant le cas français).
La flotte et le produit.
Le blocage n’aura pas non plus contraint Qatar Airways a stopper ses investissements que ce soit en matière de flotte ou de produit.
En effet, depuis le début de cette période, la compagnie nationale du Qatar a notamment :
- reçu son deuxième Boeing 747 cargo (la filiale cargo de Qatar Airways a contribué à alimenter le pays en vivres et matériel)
https://youtu.be/Szq6MoAjOnc
- placé une commande de 6 nouveaux Boeing 777 cargo
- est devenue compagnie de lancement de l’Airbus A350-1000 comme elle l’avait été pour l’A350-900
Par ailleurs, Qatar Airways est la plus grande cliente de la famille A350XWB. Avec 76 appareils commandés (dont 37 Airbus A350-1000), elle devance Singapore Airlines, Etihad ou encore Cathay Pacific.
854 commandes ont été enregistrées par @Airbus pour l’#A350 dont plus de 150 appareils déjà livrés. @qatarairways, en tête, a commandé 76 appareils dont 37 #A350-1000. pic.twitter.com/QEUthe0icY
— The Travelers Club (@zeTravelersClub) 20 février 2018
En janvier 2020, Qatar Airways deviendra compagnie de lancement du Boeing 777X. Avec une commande de 60 appareils, la compagnie aérienne mise sur ce nouvel avion.
Outre sa flotte récente composée d’appareils modernes, la compagnie aérienne nationale du Qatar a fortement investi pour la qualité de son offre globale.
En effet, Qatar Airways poursuit le déploiement de sa Qsuite sur sa flotte actuelle de Boeing 777-300ER mais également d’Airbus A350-900. Ce produit révolutionnaire, après avoir été présenté au salon ITB de Berlin en mars 2017, a été révélé lors de la précédente édition du salon du Bourget quelques jours après le début du blocage.
« Vous aviez raison cher Akbar, votre compagnie aérienne est loin devant ses concurrents ! » – Alexandre de Juniac, Président-directeur général de IATA.
Indéniablement, la qualité du produit est sans appel et Qatar Airways a été récompensée par de nombreux prix Skytrax en 2017 et en 2018.
Prise de parole de Son Excellence Akbar al Baker, CEO de @qatarairways, à l'occasion des tensions actuelles dans la région #PAS17 #Skytrax pic.twitter.com/dP5n4XlodP
— The Travelers Club (@zeTravelersClub) 20 juin 2017
Outre ces investissements matériels, Qatar Airways a pris des participations au capital d’autres compagnies aériennes, en sus de celles qu’elle avait auparavant.
Ainsi, le Groupe a contribué à relancer la compagnie aérienne Meridiana, devenue désormais Air Italy. Avec une participation de 49% dans la structure mère, la compagnie aérienne italienne a bénéficié d’une nouvelle identité, de nouveaux avions et de nouvelles routes.
De plus, Qatar Airways est récemment montée au capital de China Southern, libérée de ses engagements avec l’alliance Skyteam.
Le Groupe Qatari ne demeure pas statique.
« Business as usual » au Qatar.
Qatar Airways a publié très rapidement un message : « no borders, only horizons ».
La vidéo a été visionnée plus d’un million et demi de fois sur la chaîne YouTube de la compagnie aérienne avec pour seul message : le ciel n’a pas de frontière.
L’ambition ? Demeurer libre d’opérer.
Et la compagnie aérienne nationale n’a pas cessé ses opérations. Elle ne s’est pas non plus enfermée dans un bourbier financier à la différence d’Etihad Airways ou, dans une moindre mesure, d’Emirates demeurant ainsi profitable.
En route vers 2022.
Dans 3 ans, le Qatar recevra sur ses terres la coupe du monde de football. Le pays tout entier semble uni derrière la préparation de cet événement qui engage d’importants investissements afin de recevoir la compétition dans des conditions optimales.
Lignes de métro, stades pour les compétitions, … les gros travaux sont d’ores et déjà complétés à 90% malgré un approvisionnement ralenti du fait du blocage.
Le sport comme moyen de connecter les peuples entre eux ! 😉
Conclusion.
Avec une augmentation du chiffre d’affaires de 7,2% par an, une augmentation de la capacité de près de 10%, une augmentation du chiffre d’affaires des activités cargo de 34,40% (malgré une augmentation des capacités cargo de « seulement » 13,95%) : l’impact du blocage a été minimisé et Qatar Airways s’en tire bien malgré la fermetures de lignes ultra rentables, d’une augmentation de la facture carburant et d’un allongement significatif du temps de vol vers et depuis certaines destinations !
La compagnie aérienne, menée intelligemment par Son Excellence Akbar Al Baker, a su prouver sa résilience face au blocage illégal du Qatar.
Mais la situation ne pourra pas durer éternellement et le Président-directeur général du Groupe en appelle a une démonstration de soutien plus franche de la part de la communauté internationale jusqu’à présent jugée « décevante ».
À l’approche du deuxième anniversaire du blocage, les tensions dans la région doivent s’apaiser sans pour autant laisser la coalition de pays alliés s’ingérer dans les affaires du Qatar.
Tyler.
Tu ne trouves pas que tu en fais un peu trop avec les qatariotes Tyler? Tu nous rabâche sans cesse que c’est la Meilleure compagnie bla bla bla. Qatar Airways on s’en fiche qu’ils Restent avec leur dumping national. Et je pense qu’ils arrosent bien vu ta mansuétude à leur endroit. Ça c’est sur!!
Je dois dire que je suis très surpris de lire cet article pro Qatar de la part de ce très bon blog. Non pas parce que je suis un anti Qatar ou pro untel, mais parce que ce site a toujours parlé d’aviation et non de politique.
Donc je suppose que Tyler a été convaincu d’une façon ou d’une autre pour faire un tel article.
100% d’accord.. et avec surprise ! On dirait un communiqué de presse post conférence
C’est bien ce que j’ai écrit. Mais ce brave Tyler a du censurer ma réponse. Les qatariottes ont des moyens d’etre Convaincants…. il nous innonde d’articles pro Qatar. mais ça dénature la crédibilité de tous ses articles!! Dommage
Cher Uzan,
Vous me prêtez des pouvoirs que je n’ai pas.
Malheureusement (il va sans dire), vos commentaires étaient restés bloqués dans les SPAM. Je viens de les approuver manuellement.
En espérant vous donner entière satisfaction,
Tyler.
Manifestement.
Très surprenant vue la bonne
qualité du blog sur les questions aériennes.
Il va se griller avec ses articles pro Qatar
C’est beau un billet vert
D’accord avec le commentaire précédent. L’absence de nuance n’est pas ce qu’on attend de ce blog
Pour répondre à ces commentaires :
Je peux comprendre vos points de vue respectifs. Je les entends.
Pourtant, ce papier est factuel.
Il dresse un portrait de Qatar Airways (et du Qatar) depuis le début du blocage. J’assume le terme « illégal », employé non seulement par Qatar Airways mais également par des institutions telles que IATA, présidée par Alexandre de Juniac.
Sur les points : réseau, flotte, … impossible de contester les propos tenus.
Je suis partisan de la liberté dans le secteur de l’aérien. Pour moi, les compagnies aériennes ne devraient pas être exclues de couloirs aériens dès lors qu’elles ne remettent pas en cause la sécurité de leurs passagers. À partir du moment où une coalition de pays, sans accord préalable d’une quelconque institution internationale, se permet de restreindre les libertés non seulement d’une compagnie aérienne mais aussi d’un peuple, ce n’est pas normal.
Malheureusement (ou non ?), le Qatar n’a pas bonne presse. Soit.
Mais ce papier est honnête, réfléchi et je pense tous les mots que vous avez pu lire.
Qatar Airways est une compagnie aérienne de très grande qualité, Akbar Al Baker est un homme qui connait son produit, son secteur d’activité, sa concurrence. Que l’on aime ou non le personnage, il a su emmener sa compagnie aérienne là où elle est aujourd’hui : reconnue et appréciée.
Et, à toutes fins utiles, nous n’avons aucun contrat avec la compagnie aérienne. Pas même un contrat publicitaire ! 😉
Bonne soirée,
Tyler.
Je comprends bien Tyler ton incompréhension devant le boycott de Qatar Airways et l’interdiction de survol de certains pays. Vu que tu es si sensible à cela tu vas sûrement nous sortir un tas d’articles sur el al qui est injustement boycotté pas tous les pays arabes avec des détours incroyables notamment concernant Les vols vers l’inde ….
Bonjour, il est vrai que c’est plus que délicat d’avoir une opinion ferme sur cet embargo, qui rappelons le, au départ, concernerait l’aide du pays pour le terrorisme, du moins c’est ce qui a été dit… Après dans les faits, il aurait été plus judicieux et diplomate pour les pays voisins d’interdir l’atterrissage des avions de la compagnie que le survol de leur espace aérien, tout ceci n’est au final que de la géo-politique économique dans une zone où souvent les croyances apportent plus rivalité que sagesse… Après avoir fait une séparation de tout cela, il faut aussi voir cette compagnie, et son charismatique patron, et bien se rendre à l’évidence que même si certaines pratiques sont contestées le résultat est plus que positif sur tellement de points : une flotte récente, des avions entretenus et propres, un réseau intéressant (surtout pour les européens vers l’Asie) et un personnel de grande qualité, le tout dans un aménagement intérieur remarquable. Je n’ose ici évoquer la QSuite, remarquable pour deux personnes, etc etc… Après il nous faut aussi oublier que l’on est d’une façon ou une autre de ce milieu, et juste ce mettre à la place d’un voyageur lambda qui vole sur telle ou telle classe. QR c’est l’Asie à moins de 600 euros (500 € avant l’embargo car 45 minutes de vol en moins), une escale hyper connectée à l’aéroport de Doha qui reste à taille humaine, qui est d’une simplicité pour s’y repérer, sans oublier maintenant la gratuité du visa « quelques jours » pour faire un vrai stop dans l’émirat. Dans chaque pays, il y a du bon ou du moins bon, et pour être honnête il faut faire la balance entre le pour et le contre et mettre de côté quelques raccourcis. Dernier point et non des moindres, je vous trouve assez inquisiteur envers Tyler, la qualité et la justesse de ses articles devraient vous donner comme ressenti plus de pondération, et vous interroger sur le sens de cet article. Voilà c’est aussi cela QR, des avis qui marquent, engagés mais on ne peut en aucun cas occulter la réussite de cette jeune compagnie. Pour conclure, car celle la je l’entends souvent, le Qatar n’a que peu de pétrole, par contre le pays dispose énormément de gaz, et jusqu’à preuve du contraire le gaz ça ne fait pas avancer un avion.
Bonjour,
Parler de politique, pourquoi pas? Dans ce cas il est pertinent de partager les points de vue contradictoires. C’est la base du journalisme et par ricochet du blogging. Sinon le risque d’être perçu comme un succédané de la Pravda est élevé et c’est bien dommage.
Le terme illégal semble usurpé. Seule une instance juridique supranationale peut l’affirmer. Et l’IATA n’est pas une cour de justice. Elle représente les compagnies membres et ne peut faire office d’arbitre dans un conflit qui n’est pas qu’aérien.
Enfin pour lever tout doute quant à la complaisance supposée de cet article, il suffit à son auteur de répondre à ces simples questions de transparence :
– L’article en particulier et le site en général font-ils l’objet d’une contrepartie de quelque nature que ce soit?
– Laquelle ou lesquelles le cas échéant?
Bien évidement Tyler dit ne pas avoir de compensation à ses articles plus qu’élogieux, je dirai même mieleux
Je lui ai demandé pourquoi il ne parlait pas d’autres compagnies sujettes à embargo et de façon injuste comme LY, sous le seul prétexte d’être israélienne, mais pas de réponse. Doha doit être plus généreuse que Jérusalem….